Atteinte multiple des nerfs
Un homme de 72 ans présentant dans ses antécédents un adénocarcinome prostatique métastasé aux os (en échappement thérapeutique après 4 lignes de chimiothérapie) a développé une paralysie faciale gauche périphérique depuis quelques jours dans un contexte d’altération de l’état général.
L’examen clinique objective outre cette paralysie faciale gauche, une baisse de l’acuité visuelle de l’oeil droit ainsi qu’une anisocorie avec myosis serré droit, une hypoesthésie et des dysesthésies frontales droites et une paralysie de l’abduction de l’œil droit.
La ponction lombaire réalisée retrouve : une hyperprotéinorachie à 1.48g/l et 2 GB/mm3, une glycorachie normale et l’absence de cellules anormales.
L’IRM est la suivante :

Coupes axiale et sagittale T1 injectées
Quel est votre diagnostic ?
L’IRM cérébrale injectée met en évidence :
- Prise de contraste et épaississement des leptoméninges.
- Formations micronodulaires multiples disséminées dans les méninges.

Coupes axiale et sagittale T1 injectées
Ceci traduit un envahissement des méninges par des cellules cancéreuses et une dissémination de ces cellules dans le LCR.
Il s’agit d’une méningite carcinomateuse responsable d’une atteinte multiple des nerfs crâniens par envahissement (nerfs II, V1, VI, VII droits).
Elle peut être la présentation initiale du cancer sous-jacent dans 5 à 10% des cas et est le plus souvent associée à un cancer du sein, du poumon, du rein, de l’ovaire, de la vessie, ou à un lymphome…
Les symptômes neurologiques les plus souvent retrouvés sont les atteintes multiples des nerfs crâniens, une encéphalopathie, mais également parfois une atteinte mal systématisée du système nerveux périphérique avec une composante douloureuse majeure.
L’IRM cérébro-médullaire est indispensable au diagnostic identifiant l’envahissement et l’épaississement méningé et des nerfs crâniens sous forme de prise de contraste, voire les nodules sous-arachnoïdiens ou parenchymateux.
La PL confirmera le diagnostic en retrouvant une hyperprotéinorachie dans 70% des cas, une pléiocytose dans 63% des cas et souvent une hypoglycorachie (entre 32 et 75% des cas) et en identifiant des cellules néoplasiques dans le LCR. La PL est à répéter en cas d’absence de cellules néoplasiques initialement (sensibilité de dépistage des cellules néoplasiques de 100% après la 3ème PL).
Le pronostic est très péjoratif. La médiane de survie ne dépasse pas 14 semaines malgré d’éventuels traitements par chimiothérapie intrathécale couplée à une radiothérapie plus ou moins ciblée.
Troubles du comportement aigus chez une jeune femme
Une jeune femme de 19 ans, sans antécédent, présente d’installation subaigüe sur 15 jours, des troubles du comportement. On note à son arrivée aux urgences un ralentissement psychomoteur, des rires immotivés, de nombreux « coq à l’âne », l'examen somatique est sans particularité. Elle décrit de discrètes céphalées et on note un fébricule à 37.8°.
Un scanner cérébral se révèle normal. La ponction lombaire révèle une hyperlymphocytose isolée. L’ IRM cérébrale montre un hypersignal temporal en séquence FLAIR.
Le diagnostic de méningo-encéphalite herpétique est évoqué.
Un traitement par Aciclovir 10 à 15 mg/kg toutes les 8 heures en IV est entrepris en urgence.
Les résultats de la PCR du virus de l’herpès dans le LCR revient rapidement et est négative.
En raison des troubles du comportement, un EEG (figure 1 et 2) est réalisé


- Comment interprétez-vous cet EEG ?
- Un autre diagnostic doit-il être évoqué ?
- Quel autre examen complémentaire suggérez-vous ?
- crise partielle temporale gauche se généralisant Figure 1 : présence de signes paroxystiques avec pointes ondes temporales gauches en faveur d'une crise partielle temporale gauche. Figure 2 : présence de pointes ondes généralisées
- le diagnostic d'encéphalite limbique dysimmunitaire doit être évoqué
- la recherche d’anticorps anti neurones et notamment anti NMDA et anti VGKC doit être réalisée dans le sang et le LCR
Les encéphalites dysimmunitaires peuvent débuter sur un mode subaigu par :
- des troubles de l'humeur, une irritabilité, une agitation, une confusion, un état dépressif majeur
- des troubles mnésiques sévères atteignant principalement la mémoire antérograde, avec hallucinations, ou une démence
- des crises épileptiques avec pharmacorésistance
On peut également :
- observer des troubles de la vigilance d'apparition brutale conduisant à une hospitalisation en réanimation.
- retrouver une phase prodromique de type viral avec hyperthermie et céphalées précédant la survenue des signes neurologiques ou psychiatriques
Les examens complémentaires à réaliser sont les suivants chez une femme jeune :
- Dosage des anticorps anti neuronaux dans le sang et le LCR : notamment Ac anti NMDA (positifs chez cette patiente), et anti VGKC
- Réalisation d'un scanner thoraco abdomino pelvien à la recherche d'une néoplasie, et en complément une IRM pelvienne chez la jeune fille car la tumeur la plus fréquente est le tératome ovarien.
- L'IRM cérébrale reste souvent aspécifique, avec un hypersignal temporal en séquence FLAIR
Le traitement de la tumeur, ou en l’absence de tumeur, les traitements immunomodulateurs peuvent permettre une évolution favorable des signes neurologiques.
Cas proposé par Alice ROBBE, Angers.
Pour en savoir plus : Vitaliani R, Mason W, Ances B, Zwerdling T, Jiang Z, Dalmau J. Paraneoplastic encephalitis, psychiatric symptoms, and hypoventilation in ovarian teratoma. Ann Neurol 2005; 58: 594–604. Dalmau J, Tuzun E, Wu HY, et al. Paraneoplastic anti-N-methyl-Daspartate receptor encephalitis associated with ovarian teratoma. Ann Neurol 2007; 61: 25–36. Maarten J Titulaer and all Treatment and prognostic factors for long-term outcome in patients with anti-NMDA receptor encephalitis: an observational cohort study Lancet Neurol 2013; 12: 157–65 Honnorat J, Viaccoz A. New concepts in paraneoplastic neurological syndromes Rev Neurol (Paris). 2011 167(10):729-36.
Troubles de la marche chez un patient traité par cisplatine
Un homme de 56 ans signale des troubles de la marche évoluant depuis environ deux mois. Il se plaint de difficultés occasionnelles à se relever d’une chaise, de crampes des cuisses et d’une constipation d’apparition récente. Il est actuellement traité par cisplatine pour un cancer pulmonaire à petites cellules dont le bilan d’extension est négatif. Il suit par ailleurs un traitement par statines.
L’examen neurologique met en évidence un déficit moteur discret bilatéral des deltoïdes. La marche est normale. Il n’y a pas de trouble sensitif. Les ROT sont faibles.
Un électromyogramme est réalisé.

Comment l’interprétez vous ? Quel est votre diagnostic ?
L’EMG met en évidence des réponses motrices de faibles amplitudes tandis que les réponses sensitives sont normales. Un décrément d’amplitude de 40% des potentiels moteurs est observé à basse fréquence (3 Hz) alors qu’à haute fréquence (30 Hz) apparaît une augmentation d’amplitude de 188%.
Il s’agit d’un syndrome de Lambert-Eaton.
Le contexte permet de retenir une origine paranéoplasique.
Le syndrome de Lambert-Eaton correspond à un bloc neuromusculaire pré-synaptique causé par des anticorps anti canaux calciques voltage-dépendants. Il est paranéoplasique dans 60% des cas et concerne alors surtout le cancer pulmonaire à petites cellules.
La triade clinique évocatrice comporte des troubles de la marche, un déficit moteur proximal des membres supérieurs et une dysautonomie (sécheresse muqueuse, constipation). L’atteinte bulbaire est exceptionnelle. L’examen électromyographique met en évidence une augmentation de l’amplitude des potentiels d’action moteurs >100% après effort ou stimulation à haute fréquence.
Le pronostic des formes paranéoplasiques est lié à celui du cancer sous-jacent.
Proposé par : Jean-Paul Bouwyn (Rouen).
Références :
J. Newsom Davis. Lambert-Eaton myasthenic syndrome. Rev Neurol (Paris) 2004 ; 160 :2, 177-180.
Titulaer MJ et al. Lambert-Eaton myasthenic syndrome: from clinical characteristics to therapeutic strategies. Lancet Neurol. 2011 Dec;10(12):1098-107.
Tremblement intentionnel progressif et asymétrique
Un patient de 68 ans vous consulte pour une dysgraphie. Il n’a pas d’antécédent particulier sur les plans personnel et familial. Son examen objective un tremblement d’intention du membre supérieur droit isolé.

Vous réalisez une IRM cérébrale.
- Quel diagnostic faut il évoquer en priorité ? Comment le recherchez-vous ?
- Votre diagnostic est confirmé, que proposez vous au patient ?

1- L’IRM montre des hypersignaux périventriculaires et des pédoncules cérébelleux moyens symétriques.
Il faut évoquer devant ce tableau clinique et radiologique le diagnostic de FXTAS et demander une recherche moléculaire.
2- Un conseil génétique est indiqué en raison du risque de transmission du syndrome de l’X fragile chez les descendants du patient.
La recherche génétique de prémutation de l’X fragile retrouve un nombre de répétition de triplet CGG estimé à 103 et qui confirme le diagnostic de FXTAS.
Le syndrome FXTAS affecte essentiellement les hommes vers 70 ans. Les signes cliniques majeurs sont l’ataxie cérébelleuse, le tremblement d’intention, le syndrome dyséxécutif, le syndrome parkinsonien et la neuropathie périphérique. La prévalence du syndrome dans cette population est estimée à environ 1 sur 3000. L'IRM cérébrale montre habituellement une atrophie cérébrale globale et des lésions de la substance blanche au niveau des pédoncules cérébelleux moyens. La transmission est liée au chromosome X et est dominante. Le syndrome est dû à une prémutation du gène FMR1 (fragile X mental retardation 1, Xq27.3) qui se caractérise par l'expansion de 55 à 200 triplets CGG. Les individus normaux ont la séquence CGG répétée moins de 40 fois. Les individus atteints du syndrome de l’X fragile ont cette séquence répétée plus de 200 fois et jusqu’à des milliers de fois, entraînant un mauvais fonctionnement de gène responsable de la maladie. Ce diagnostic est la cause la plus fréquente de retard mental et d’autisme.
Les autres leucopathies (dont l’incidence est nettement plus rare) à évoquer devant des hypersignaux symétriques des pédoncules cérébelleux sont le déficit en lamine B1, la leucoencéphalopathie avec atteinte du tronc cérébral et de la moelle avec augmentation de lactate (syndrome LBSL), la leucodystrophie de l’adulte autosomale dominante (ADLD).
Référence :
1- Maureen A. Leehey. Fragile X-associated Tremor/Ataxia Syndrome (FXTAS): Clinical Phenotype, Diagnosis and Treatment. J Investig Med. 2009 December; 57(8): 830–836.
2- Labauge P. Génétique et maladies de la substance blanche, EMC 17-001-A-50.
Un diagnostic facilité par l'imagerie typique
Un jeune homme de 19 ans, d'origine vietnamienne, arrivé depuis peu en France, est hospitalisé pour syndrome confusionnel d'installation progressive depuis quelques semaines. L'examen neurologique montre une rigidité plastique hémicorporelle gauche. Le bilan biologique standart est normal. Une IRM cérébrale est rapidement réalisée.




Quel est votre diagnostic ?
Les images IRM sont très évocatrices dans ce contexte de maladie de Wilson :
- Anomalies de signal en T2 et FLAIR simultanées dans les ganglions de la base, les thalami, et le tronc cérébral
- Aspect de « face de Panda géant » sur les coupes axiales T2 et FLAIR: hyperintensité du tronc cérébral, notamment autour de noyaux rouges qui eux restent en hyposignal
- Hypersignal T2 et FLAIR du tectum du mésencéphale
- Les autres anomalies parfois rencontrées sont : un aspect de myélinolyse centropontine, des anomalies de la substance blanche et des hypersignaux corticaux T2 (de pronostic péjoratif)
Bibliographie :
L.K. Prashanth, S. Sinha, DM, A.B. Taly, and M.K. Vasudev, MRI Features Distinguish Wilson's Disease from Other Early Onset Extrapyramidal Disorders? An Analysis of 100 Cases Mov Disord 2010, pp. 672–678 Sinha S, Taly AB, Prashanth LK, Ravishankar S, Arunodaya GR, Vasudev MK Sequential MRI changes in Wilson's disease with de-coppering therapy: a study of 50 patients The British Journal of Radiology, 80 (2007), 744–749
Syndrome cérébelleux subaigu
Une femme de 58 ans, sans antécédant, employée chez Air France, est hospitalisée pour des troubles de la marche et de l'équilibre apparus de manière progressive depuis 3 mois. L'interrogatoire révèle également des troubles visuels sous la forme d'une diplopie intermittente. L'examen neurologique montre un syndrome cérebelleux axial, une discrète dysarthrie, et une limitation des saccades oculaires. Il n'y a pas d'atteinte des fonctions cognitives. Une IRM cérébrale est rapidement réalisée.


Quel diagnostic évoquez-vous ?
L'histoire clinique couplée à l'hypersignal en diffusion et en FLAIR des noyaux gris permet d'évoquer le diagnostic de maladie de Creutzfeldt Jakob.
Les lésions IRM évocatrices de la maladie de Creutzfeldt Jakob sont :
- sur les séquences en diffusion : un hypersignal cortical, du striatum, ou plus rarement du thalamus
- sur les séquences en FLAIR : un hypersignal des mêmes territoires (striatum, cortex, thalamus), mais qui peut être plus tardif
Bibliographie :
Vitali P, Maccagnano E, Caverzasi E, Henry RG, Haman A, Torres-Chae C, Johnson DY, Miller BL, Geschwind MD. Diffusion-weighted MRI hyperintensity patterns differentiate CJD from other rapid dementias. Neurology. 2011;76(20):1711-9 Macfarlane RG, Wroe SJ, Collinge J, Yousry TA, Jäger HR. Neuroimaging findings in human prion disease. J Neurol Neurosurg Psychiatry. 2007;78(7):664-70
Une lésion cérébrale isolée
Un homme de 22 ans sans antécédent, a constaté au réveil le 12 juin 2010 une lourdeur du membre supérieur gauche, complétée 3 jours plus tard d'une hémiparésie gauche motrice pure; il ne pouvait pas se lever seul. L'étude du LCR retrouvait : protéines 0.44 g/L, 6 lymphocytes /mm3, recherche de bandes oligoclonales positive.
L'IRM cérébrale retrouvait les anomalies suivantes :

Quel est le diagnostic?
Il s'agit d'une sclérose concentrique de Balo, forme rare de SEP. Cette forme particulière de la maladie souvent d'installation aiguë peut avoir une évolution monophasique et être de mauvais pronostic en cas de lésions diffuses mais peut évoluer de façon chronique avec rémissions des symptômes. Elle touche surtout l'adulte jeune avec une prédominance masculine et est surtout décrite en Asie.
Radiologiquement, les lésions ont un aspect concentrique et sont composées de zones hypointenses T1 et hyperintenses T2 correspondant à une nécrose cavitaire avec démyélinisation de la substance blanche et d'anneaux isointenses en T1 et T2 correspondant à de la myéline normale. Il peut exister un réhaussement des lésions plus ou moins partiel après injection de Gadolinium.
Elles sont typiquement localisées au niveau de la substance blanche frontale et pariétale. Le tronc cérébral, le cervelet et le cordon médullaire peuvent aussi être touchés.
Bibliographie :
De Seze J. Formes frontieres de la sclérose en plaques. Rev Neurol (Paris). 2006 Jan;162(1):137-43. - Kreft KL, Mellema SJ, Hintzen RQ. Spinal cord involvement in Balo's concentric sclerosis. J Neurol Sci. 2009 Apr 15;279(1-2):114-7.
Coma aigu dans un contexte d'alcoolisme
Un Homme de 53 ans, alcoolique chronique, avait été hospitalisé une première fois pour confusion mentale et troubles de l'équilibre, aigus, régressifs en 8 jours, sans explication trouvée. Il est réhospitalisé 4 mois plus tard en raison d'un coma aigu : cet homme, désocialisé, a été retrouvé à son domicile.
Voici son IRM cérébral :



Quel est diagnostic ?
Il s'agit d'une maladie de Marchiafava-Bignami associée à un début de myélinolyse centro pontique.
La maladie de Marchiafava Bignani est une complication rare de l'alcoolisme, caractérisée par une démyélinisation et une nécrose du corps calleux. Les signes cliniques sont variables : confusion, troubles de la conscience, troubles cognitifs, tétraparésie, astasie abasie, signes de dysconnexion calleuse…
Son pronostic est en général mauvais, souvent conditionné par l'importance de l'atteinte du corps calleux L'IRM cérébrale montre en T2 et FLAIR des hypersignaux plus ou moins diffus du corps calleux.
Bibliographie :
Uchino A, Takase Y, Nomiyama K, Egashira R, Kudo Acquired lesions of the corpus callosum: MR imaging.S Eur Radiol. 2006 Apr;16(4):905-14..
Heinrich A, Runge U, Khaw AV. Clinicoradiologic subtypes of Marchiafava-Bignami disease. J Neurol. 2004 Sep;251(9):1050-9.
Ornithologie et neurologie
Un homme de 70 ans, sans autre antécédent qu’une cataracte bilatérale, vint en consultation pour des troubles de la marche et une gêne visuelle mal définie.
Les troubles de la marche avaient débuté 5 ans auparavant par des festinations et il existait alors un tremblement de repos des membres supérieurs. Les troubles avaient fait évoquer une maladie de Parkinson et avaient bien répondu à la dopathérapie (lévodopa 3x 150 mg/j). Depuis deux ans il présentait un ralentissement de la marche, qui se faisait à petits pas, avec une raideur axiale et une instabilité posturale. L’attitude se faisait en antéflexion. Le visage était amimique, il n’y avait pas de tremblement, de syndrome akinéto-hypertonique segmentaire, de signe de dysautonomie, ni de signes pyramidaux. Les mouvements de verticalité du regard étaient diminués vers le haut.
Le patient obtenait un score de 26/30 au MMSE de Folstein. Les troubles de la mémoire étaient dus à des troubles du rappel. Il existait de nettes difficultés dans les tâches d’évocation catégorielle, une tendance aux persévérations parasitant la programmation motrice, une approbation en écho. Les fonctions visuo-perceptives et visuo-praxiques étaient bien préservées.
Une IRM cérébrale avait été réalisée avant la consultation neurologique et n’avait pas évoqué au radiologue de diagnostic particulier (figures 1 et 2).
Partagez-vous cette analyse ? Que faut-il y voir ?
Quel diagnostic retenez-vous ?


Figure 2 - IRM cérébrale. Coupe axiale. Séquence pondérée en T2.
1. Le signe du colibri et le signe de l’ipomée (morning glory sign). Voir figure ci-dessous.
Le « signe du colibri », désigné par d’autres auteurs « signe du pingouin », s’observe en IRM morphologique sur des coupes sagittales médianes [1]. Il est lié à une perte du volume du mésencéphale épargnant relativement le pont, avec une perte de la convexité du tegmentum mésencéphalique, qui devient rectiligne voire concave vers le haut. Le mésencéphale rappelle alors la tête d’un colibri ou d’un pingouin, alors que le volume préservé du pont en figure le ventre.
Le « signe de l’ipomée » s’observe en IRM sur des coupes axiales du mésencéphale. La concavité des bords latéraux du tegmentum mésencéphalique et l’élargissement du sillon interpédonculaire donnent une image rappelant la forme biconcave de l’ipomée, variété de fleur dont la plus commune sous nos latitudes est le liseron. Certains auteurs américains parlent aussi de « signe de Mickey Mouse », par analogie avec les oreilles de Mickey.

(image en haut à gauche).
Sur la coupe axiale du tronc cérébral, la concavité des bords latéraux du tegmentum mésencéphalique et l’élargissement du sillon interpédonculaire suggèrent la forme d’une ipomée (morning glory sign, signe de l’ipomée) ou des oreilles de Mickey Mouse (image en bas à gauche).
2. Ces deux signes sont très évocateurs d’une paralysie supranucléaire progressive (PSP). Le signe du colibri aurait une sensibilité de 68% et une spécificité de 88,6%. Le signe de l’ipomée aurait une sensibilité de 68% et une spécificité de 77,7% [2].
On sait depuis quelques années que certaines PSP ne se conforment pas au tableau classique popularisé par Steele, Richardson et Olszewski, et présentent un syndrome parkinsonien initial avec tremblement de repos voire une réponse positive à la dopa [3]. C’était le cas chez ce patient, dont le tableau n’est devenu évocateur d’une PSP qu’après quelques années d’évolution.
Auteurs :
François Sellal, Christophe ZaenkerDépartement de Neurologie, Hôpitaux Civils de Colmar, 68024 Colmar Cédex, France.
Références :
[1]. OBA H, YAGISHITA A, TERADA H, BARKOVITCH AJ, KUTOMI K, YAMAUCHI T. et al. New and reliable MRI diagnosis for progressive supranuclear palsy. Neurology 2005; 64: 2050-5
[2]. RIGHINI A, ANTONINI A, DE NOTARIS R, BIANCHINI E, MEUCCI N, SACILOTTO G et al. MR Imaging of the Superior Profile of theMidbrain: Differential Diagnosis between Progressive Supranuclear Palsy and Parkinson Disease. AJNR 2004; 25: 927-32.
[3]. WILLIAMS DR, LEES AJ. Progressive supranuclear palsy: clinicopathological concepts and diagnostic challenges. Lancet Neurol 2009; 8: 270–9.
Le déficit est de rigueur
Un homme de 76 ans est admis aux urgences devant la succession de plusieurs épisodes déficitaires sensitifs touchant son membre supérieur gauche, survenus au cours des derniers jours. Il présente dans ses antécédents une hypertension artérielle ancienne et traitée, un adénocarcinome prostatique traité par hormonothérapie et radiothérapie en rémission et une hémorragie sous arachnoïdienne post traumatique frontale droite survenue 3 ans auparavant.
A sa prise en charge aux urgences, il présente une hypoesthésie brachiofaciale gauche ainsi qu’une dysarthrie. Ces symptômes régressent rapidement et sont identiques à ceux qu’il ressentait depuis une semaine. Le scanner cérébral réalisé en urgence met en évidence une leucoaraïose périventriculaire. L’exploration des troncs supra-aortiques note une plaque athéromateuse carotidienne gauche. L’éléctroencéphalogramme est normal. L’IRM encéphalique vous est fournie (figure 1).
Quel est votre diagnostic ?

Olivier Casez
Pôle de Psychiatrie et de Neurologie, CHU GRENOBLE, 30843 Grenoble cedex 9 - OCasez@chu-grenoble.fr
Diagnostic : crises épileptiques partielles symptomatiques d’une sidérose méningée séquellaire de son HSA. En effet, on peut constater sur l’IRM pondérée en T2* un hypersignal au sein des sillons central, précentral et frontal antérieurs droits. Il n’y a pas d’anomalie sur les séquences FLAIR, écartant un saignement récent. Les épisodes neurologiques de nature déficitaire peuvent également se rencontrer au cours des crises épileptiques. Le traitement antiépileptique a permis de faire disparaître l’ensemble des symptômes.
Références :
Lüders HO, Dinner DS, Morris HH, et al (1995). Cortical electrical stimulation in humans. The negative motor areas. Adv Neurol., 67: 115-29.
Lüders H, Acharya J, Baumgartner C, et al (1998). Semiological seizure classification. Epilepsia, 39(9): 1006-13.
Noguchi K, Ogawa T, Seto H, et al (1997). Subacute and chronic subarachnoid hemorrhage: diagnosis with fluid-attenuated inversion-recovery MR imaging. Radiology, 203(1): 257-62.
Pour en savoir plus : Jayson GC, Howell A. Carcinomatous meningitis in solid tumours. Ann Oncol. 1996 (8):773-86. Gleissner B, Chamberlain MC. Neoplastic meningitis. Lancet Neurol. 2006 (5):443-52.