Crise convulsive chez une patiente malgache
Une femme de 25 ans, d’origine malgache, s’est présenté aux Urgences pour un syndrome fébrile initialement attribué à une infection urinaire. Un traitement par ceftriaxone a été proposé. Le lendemain, elle est hospitalisée en raison de deux crises convulsives inaugurales. L’examen neurologique est normal, mais la patiente signale des myalgies diffuses.
Un scanner cérébral, puis une IRM cérébrale sont rapidement réalisées.


Quelle est votre hypothèse diagnostique ?
On suspecte une neurocysticercose devant l’association de crises convulsives, d’une lésion corticale frontale gauche avec œdème péri-lesionnel chez une patiente d’origine malgache.
La neurocysticercose est principalement retrouvée dans les pays dont les conditions d’hygiène sanitaire sont insuffisantes.
Le parasite incriminé est un ver, le Taenia solium, dont les œufs sont absorbés accidentellement notamment en mangeant de la viande de porc contaminée, insuffisamment cuite.
Les larves issue de ces œufs migrent dans l’organisme avec une prédilection pour les organes richement vascularisés notamment le SNC.
Les symptômes cliniques vont dépendre de la localisation des kystes (parenchyme, ventricules, méninges, moelle épinière). Les localisations extra-parenchymateuses sont surtout retrouvées chez l’adulte.
Les plus courantes manifestations sont les crises convulsives (partielles± généralisées) dans 70 à 90% des cas. Les autres modes de présentation associent des céphalées, déficits focaux , hypertension intracrânienne, syndrome méningé, atteinte des nerfs crâniens, ataxie, troubles visuels voire troubles du comportement.
Le diagnostic repose sur en premier lieu le TDM cérébral qui met en évidence une ou plusieurs lésions de petite taille (< 20 mm) hypodenses avec un réhaussement en couronne après injection et un œdème péri-lésionnel (Fig 1). Il existe souvent une calcification au sein du kyste punctiforme ou de très petite taille. En IRM, la lésion apparaît en iso- ou relatif hypersignal et est parfois mieux visualisée avec l’œdème périlésionnel en hypersignal en FLAIR. Le même réhaussement en couronne est noté après injection (Fig 2). Le diagnostic différentiel avec un tuberculome dans les régions d’endémie peut se poser mais les lésions sont généralement plus volumineuses, de contours plus irréguliers et l’œdème plus sévère.
Un diagnostic sérologique est disponible mais n’a pas une sensibilité de 100%
La prise en charge thérapeutique repose sur le traitement anti-parasitaire (albendazole ou praziquantel) qui réduisent le nombre et la taille des lésions auquel peut être associé une corticothérapie et un traitement symptomatique.
En cas de lésion unique, le pronostic est généralement bon avec une disparition des images en 6 mois dans 60% des cas. En cas de lésions multiples ou de lésions calcifiées, les crises d’épilepsie peuvent récidiver fréquemment malgré le traitement. Les localisations extra-parenchymateuses ont un pronostic plus réservé.
Modifications de signal intra-médullaire
Une femme de 50 ans, sans antécédent, fut hospitalisée pour le bilan de troubles sensitifs des 4 membres évoluant depuis 1 mois. Elle décrivait des troubles de l’équilibre et une sensation d’engourdissement et de peau cartonnée des deux pieds s’étant étendue progressivement au tronc puis au deux membres supérieurs.
L’examen clinique montrait une démarche ataxique, des troubles de la kinesthésie et de la graphesthésie ainsi qu’une hypopallesthésie aux 4 membres ; on notait une faiblesse des 4 membres, des réflexes ostéo-tendineux conservés et un réflexe cutané plantaire indifférent à gauche. Il n’y avait pas de déficit thermo-algique, pas de trouble sphinctérien ni de douleurs rachidiennes.
L’IRM médullaire réalisée est la suivante :

Quelle est votre diagnostique ?
Hypersignal intramédullaire, en séquence T2, des cordons postérieurs de la moelle, étendu de C2 à C5 visible en coupes sagittale et transversale.
Cette atteinte cordonnale postérieure clinique et radiologique est très évocatrice d’une carence en vitamine B12. Associée à un atteinte des cordons latéraux, elle réalise le tableau typique de sclérose combinée de la moelle qui constitue une cause curable classique mais rare d’atteinte médullaire progressive de l’adulte.
La carence en cuivre, beaucoup plus rare, peut se traduire par un tableau clinique et radiologique similaire.
Pour en savoir plus :
Mankad K, Kullmann DM, Davagnanam I . Neurological manifestation of vitamin B12 deficiency. Am J Med. 2010 Jun;123(6):e1-2.
Un LCR jaune comme de l'urine
C’est un homme de 59 ans qui présente une ataxie cérébelleuse progressive apparue il y a 5 à 6 ans. Il a également une hypoacousie bilatérale prédominant à droite, pour laquelle il a été appareillé.
Dans ses antécédents, on retient un traumatisme crânien en 1986 grave responsable d'un coma, avec un arrachement du plexus brachial à droite pour lequel il a été traité avec mise en place d’agrafes.
L’examen neurologique retrouve une ataxie cérébelleuse avec un élargissement du polygone de sustentation et une hypermétrie des deux membres inférieurs. Le patient marche habituellement avec une canne.
L’IRM encéphalique est réalisée. Deux images en séquence écho de gradient pondérée T2 vous sont données.
Le LCR retrouvait un liquide xanthochromatique (« jaune comme de l’urine » selon le patient) avec des sidérophages.

Quel est votre diagnostic?
Le diagnostic est celui d’hémosidérose marginale également appelée sidérose superficielle du système nerveux central. Il s’agit d’un syndrome clinico-radiologique rare caractérisé par des dépôts d’hémosidérine dans les leptoméninges et dans les régions sous-piales.
La présentation clinique classique est une triade associant une ataxie cérébelleuse, une surdité de perception bilatérale et une myélopathie avec syndrome pyramidal fréquemment limitée à une hyper-réflexie. Un déclin cognitif peut être retrouvé.
L’hémosidérose marginale peut être secondaire à une cause de saignement occulte et répété dans les espaces sous arachnoïdiens dont l’origine peut être:
- Une tumeur cérébrale ou rachidienne (21% des cas)
- Un trauma crânien ou vertébral (13 % des cas)
- Un traumatisme du plexus brachial (6% des cas)
- Une malformation vasculaire (9% des cas)
- Un antécédent de neurochirurgie (7% des cas)
- Une angiopathie amyloïde (3% des cas)
Dans 35 à 50% des cas, il n’y pas de cause retrouvée.
A l’IRM, l’hémosidérine est mise en évidence sous la forme d’hyposignaux en séquence écho de gradient pondérée T2
Le scanner cérébral est peu sensible. Il peut montrer un liseré spontanément hyperdense autour du tronc cérébral qui est évocateur du diagnostic
Le liquide cérébro-spinal est anormal dans 75 %, il peut être xanthochromatique ou hémorragique et son analyse peut retrouver une hyperprotéinorachie, une élévation des taux de fer et de ferritine ainsi que la présence de sidérophages
L'évolution se fait habituellement vers une lente dégradation clinique en l'absence de traitement étiologique d’où l’intérêt de la recherche active d’une cause de saignement.
Dans le cas de notre patient nous complétons l’exploration l’étiologique par une IRM médullaire qui n’a pas retrouvé de cause de saignement accessible à un traitement.
L’hémosidérose marginale est potentiellement sous-diagnostiquée. La réalisation des IRM permettra vraisemblablement de retrouver davantage de cas similaires. Il faudra garder en mémoire la présentation clinique et les images radiologiques
Références:
-Kondziella D1, Lindelof M, Haziri D, Larsen VA, Kruse A. Diagnostic and therapeutic challenges in superficial CNS siderosis. Dan Med J. 2015;62(5). pii: A5079.
-Levy M et al., Superficial siderosis: a case report and review of the literature, Nature Clinical Practice Neurology, (2007) 3, 54-58
-Lannareix V1, Basseka H, Catalaa I, Sevely A, Marson F, Manelfe. Superficial siderosis of the central nervous system: a case report. CJ Radiol. 2002:1850-2.
Un signal recueilli au-dessus de l'oreille

Quel signal est recueilli à partir de ce casque support pour un capteur fixé au niveau de l’écaille temporale gauche, au-dessus de l’arcade zygomatique ?

Cérébrales par Doppler trans-crânien

Il s’agit du signal « vitesse circulatoire cérébrale » au niveau de l’artère cérébrale moyenne gauche recueilli de manière continue par Doppler trans-crânien en mode monitoring. Dans ce cas il s’agit une évaluation de la réactivité cérébro-vasculaire au Diamox mesurant la réserve vasomotrice cérébrale en aval d’une sténose de la carotide. L’évaluation intègre le monitoring de la pression artérielle (Finapres) et du CO2 de fin d’expiration (capnographe).
Un indice : les acides gras

- Homme de 42 ans, porteur d’une maladie d’Addison
- Troubles de la marche depuis 1 an
- ATCD fam
- iliaux : 2 demi-frères avec troubles de la marche (1 avec épilepsie)
- Examen clinique :
- Paraparésie spastique
- Hypoesthésie distale symétrique MI
- Syndrome cérébelleux
- Poursuite saccadique
- IRM cérébrale (FLAIR, et T1 Gd)
Quel est votre diagnostic ?
L’adrénoleucodystrophie (ALD)
C’est une maladie génétique récessive liée à l’X qui atteint principalement la substance blanche, les corticosurrénales et les testicules.
Elle est responsable d’un défaut du catabolisme dans le peroxysome des acides gras à très longue chaîne. La maladie comporte une grande variabilité phénotypique.
La forme cérébrale de l’enfant est la plus fréquente et représente environ la moitié des cas ; elle survient après un développement psychomoteur normal mais entraîne une détérioration cérébrale rapidement progressive conduisant à un état végétatif en deux ans.
La seconde forme la plus fréquente est l’adrénomyéloneuropthie de l’adulte (25 %), secondaire à la démyélinisation des cordons postérieurs et antérieurs de la moelle tandis que la substance blanche cérébrale est respectée. Les symptômes neurologiques apparaissent en moyenne à l’âge de 30 ans sous la forme d’une paraparésie spastique et d’une neuropathie périphérique modérée.
Les autres formes, plus rares, sont l’atteinte cérébrale de l’adolescent (5 %), de l’adulte (3 %)
et une insuffisance surrénalienne isolée (10 %).
De plus, certains sujets sont porteurs de l’anomalie génétique mais restent asymptomatiques (8 %).
On classera à part les sujets hétérozygotes symptomatiques : quinze à vingt pour cent des femmes hétérozygotes pour l’ALD peuvent développer une paraparésie spastique progressive, une neuropathie périphérique, des troubles sphinctériens se manifestant en moyenne à 43 ans (+/– 11 ans).
Référence : Desloques et al. 2006
Une cause de multinévrite

- Patient de 38 ans SDF, africain
- Pas de suivi médical
- Hospitalisé suite à un traumatisme sur la voie publique.
- Examen neurologique : insensibilité des 4 extrémités - mutilations
- Scanner cérébral et IRM cervicale normaux
Quelle est votre suspicion diagnostique ?
Quel est l’examen qui permettrait d’avoir un diagnostic de certitude ?

Maladie de Hansen (Lèpre tuberculoïde)
- Seconde mycobactériose mondiale après la tuberculose.
- Des zones de forte endémicité persistent. La maladie n'existe plus de façon autochtone en France métropolitaine, mais de nouveaux cas, originaires des DOM-TOM ou importés, sont régulièrement diagnostiqués.
- Tâches de dépigmentation
- Mononeuropathie multiple avec
- Hypo à Anesthésie
- Maux perforants, mutilations
- Hypertrophie des nerfs
- Diagnostic : mise en évidence du Bacille de Hansen (Mycobacterium leprae) >> coloration de Ziehl-Neelsen sur prélèvement de muqueuse, nerf,…
On la dit en coup de sabre

Patiente de 18 ans vue 6 mois après la survenue d’une sensation de douleur de l’hémicorps droit ayant duré plusieurs jours révélant un accident ischémique cérébral gauche profond et des micro-saignements sous-corticaux. Toutes les lésions cérébrales sont latéralisées au niveau de l’hémisphère gauche
Que vous évoque les anomalies cutanées sur cette photo ?
Lésions cutanées au niveau du front à gauche avec un aspect « en coup de sabre » fait dans ce cas de lésions hyper-pigmentées. Dans d’autres cas les lésions peuvent être hypo-pigmentées.
Il s’agit d’une sclérodermie « en coup de sabre »
Les lésions cutanées sont situées le plus souvent au niveau du front, habituellement unilatérales, sont associées à une ligne cicatricielle séparant le tissu atrophique du tissu normal.
L’évolution de la maladie est lente et progressive et se stabilise généralement aux alentours de 20 ans
L’atteinte du SNC est rare. Les lésions à l’IRM sont décrites comme étant du même côté que les lésions faciales
Le mécanisme physiopathologique des lésions cérébrales est mal connu et semble être une atteinte de type vascularite
Le traitement dans ce cas consiste en un traitement immunosuppresseur, par exemple le Méthotrexate
Caen 2020 interne
Un homme de 31 ans consulte aux urgences pour l’apparition la veille dans l’après-midi d’une monoparésie du membre supérieur droit. Ses antécédents se limitent à plusieurs traumatismes et à un tabagisme actif chiffré à environ 4 paquets-année. Alors qu’il effectuait une randonnée depuis 5 jours avec port de sac à dos d’environ 15kg, il décrit la survenue soudaine d’une douleur du creux axillaire droit à type de brûlure. La douleur bien soulagée par la prise d’un AINS est suivie 1/2h plus tard d’un déficit moteur du bras droit accompagné de quelques paresthésies de l’ensemble des doigts de la main droite. Il n’est pas rapporté de traumatisme récent de l’épaule, d’épisodes infectieux, de vaccination, de chirurgie récente ou d’altération de l’état général. Il est apyrétique. A l’examen neurologique, il est noté une amyotrophie du deltoïde à droite ; un déficit moteur à droite chiffré à 0/5 pour le deltoïde, les supra et infra-épineux, le biceps brachial et le triceps brachial, à 2/5 pour les fléchisseur/releveur du poignet et l’abducteur du pouce, et à 4/5 pour les interosseux ; une hypoesthésie tactile de la face externe du bras et de l’avant-bras droits ; des réflexes ostéo-tendineux tous abolis au membre supérieur droit, faibles au membre supérieur gauche, et normaux et symétriques aux membres inférieurs. L’examen des paires crâniennes est normal.
Quel est votre diagnostic et quel examen complémentaire demandez-vous ?
Il s’agit d’un syndrome de Parsonage-Turner ou névralgie amyotrophique. L’électroneuromyogramme chez ce patient a montré (1) en stimulodétection des potentiels sensitifs et moteurs normaux sur l'ensemble des nerfs explorés du membre supérieur droit jusqu’au point d’Erb et des ondes F présentes et normales sur l'ensemble des nerfs explorés, (2) en détection radiculaire de C5 à C8-D1, des tracés globalement neurogènes (appauvris accélérés voire simples) sur l'ensemble des muscles explorés, deltoïde (C5), biceps (C6), triceps et extenseur commun des doigts (C7), et de manière moins marquée premier interosseux, court abducteur du pouce et abducteur du V (C8-D1). Pas d'activité de repos relevée.
La douleur de l’épaule à type de brûlure, l’amyotrophie du deltoïde et le déficit moteur prédominant au plexus brachial chez un homme jeune sont des éléments orientant vers le diagnostic. Dans le cas présent, la disparition très rapide de la douleur est inhabituelle, tout comme l’apparition très rapide du déficit moteur (en général entre quelques heures et plusieurs jours après la douleur). En outre, les signes de dénervation à l’ENMG peuvent n’apparaître que jusqu’à 4 semaines après le début des symptômes. L’imagerie en IRM peut apporter des éléments de confirmation du diagnostic. La prise en charge habituelle repose actuellement sur la rééducation, indispensable afin d’éviter les complications musculaires et tendineuses, même si la plupart des patients récupère spontanément (principalement dans les 6 premiers mois). Si besoin, la corticothérapie à visée antalgique permet d’accélérer la phase de récupération.
Références :
- Gstoettner C et al., J Neurol Neurosurg Psychiatry 2020 ; 91: 879-888. doi:10.1136/jnnp-2020-323164
- Cruz-Martinez et al., J Peripher Nerv Syst 2002 ; 7(3): 198-204. doi: 10.1046/j.1529-8027.2002.02025.x.


Pour en savoir plus :
Carabin et al. Clinical manifestations associated with neurocysticercosis : a sytematic review. PloS Negl Trop Dis 2011 ; 5 (5):e1152
Singhi. Neurocysticercosis. Ther Adv Neurol Disord. 2011; 4(2):67-81